L'histoire du café Breton - suite et fin
Lors des deux précédents épisodes, nous avons vu que le café Breton avait été fondé au milieu du XIXe siècle par un compagnon doleur nommé Nicolas Toussaint BRETON. Il fut repris par son gendre Ferdinand LEGEAY, compagnon tonnelier-doleur, qui en fit le siège de plusieurs sociétés compagnonniques, son épouse étant Mère des cordonniers, tisseurs, tonneliers, serruriers, menuisiers et charrons. Puis, après 1920, il céda successivement le fonds à deux autres compagnons tonneliers, les frères GOURRAUD, dont les épouses prirent le titre de Mère.
L’ancienne Mère, Mme LEGEAY décède en 1929. Son mari est toujours propriétaire des murs de l’hôtel et des locaux annexes. En mars 1932 il cède le fonds à un compagnon sellier du Devoir nommé Gustave CHENET. Pour la première fois ce n’est plus un tonnelier qui exploite le café Breton.
Gustave CHENET est né aux Hermites (Indre-et-Loire) le 24 juin 1888. Il a été bourrelier à Chouzy-sur-Cisse (Loir-et-Cher) et a été reçu tardivement compagnon, le 18 juin 1931 à Tours (il avait 43 ans), sous le nom de Tourangeau Va de Bon Coeur.
Lorsque le couple s’installe au café Breton, Mme CHENET devient Mère des compagnons cités ci-dessus, puis des bourreliers-selliers, qui étaient jusqu’alors place de Châteauneuf, chez les frères DEROCHE, à la Croix-Blanche. Suivent dans les années 1935-1936 les compagnons maréchaux-ferrants, les charpentiers, les couvreurs et plâtriers, qui étaient aussi à la Croix-Blanche. Les compagnons boulangers s’installent enfin en 1936 chez Mme CHENET, après avoir quitté Mme JOYEUX, rue de la Serpe. Tous les compagnons du Devoir sont désormais au café Breton.
Le 1er septembre 1932 et le 8 février 1933, Ferdinand LEGEAY donne à l’Alliance compagnonnique tourangelle ses immeubles de la place des Halles, au 9 (locaux annexes) et au 13 (le café-hôtel-restaurant). Les compagnons du Devoir deviennent propriétaires de leur siège et le sont demeurés jusqu’à aujourd’hui. F. LEGEAY décède le 18 novembre 1940.
La guerre passée, en 1947, les époux CHENET cèdent le fonds à un autre compagnon sellier. Il s’agit d’André ONDET, l’ancien apprenti de Gustave CHENET à Chouzy-sur-Cisse. Né en 1897, il a été reçu compagnon à Paris en 1924 sous le nom de Blois Va de Bon Cœur. Il a épousé Alice COCHET, la fille du Père et de la Mère des compagnons selliers de Paris.
Mme ONDET devient la Mère des compagnons du Devoir de Tours et avec son mari ils tiennent le café Breton jusqu’en décembre 1955. Puis le couple CHENET en reprend la gestion jusqu’en 1962, année du décès de Mme CHENET. Gustave CHENET est alors âgé de 74 ans et son fils André lui donne la main. Il sera reçu compagnon cuisinier des Devoirs Unis (à l’Union Compagnonnique), à Tours, le 3 octobre 1964, sous le nom de Tourangeau Va de Bon Cœur. Le café Breton restait ainsi tenu par un compagnon.
André CHENET exploitera l’établissement jusqu’en 1977. Entre temps, l’Association ouvrière des compagnons du Devoir et la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment avaient acquis leurs propres sièges, rue Littré et rue de la Serpe. Le café Breton n’était plus celui des compagnons du Devoir...